Les coupes à blanc et la plantation de résineux, preuve irréfutable du déclin des populations aviaires du Nouveau-Brunswick concluent les chercheurs

« Nous sommes partis de l’hypothèse que lorsqu’une forêt naturelle est rasée, tant que l’on plante davantage d’arbres, les autres populations végétales et animales combleront le vide. D’après les recherches récentes, tel n’est pas le cas. »

« Nous sommes partis de l’hypothèse que lorsqu’une forêt naturelle est rasée, tant que l’on plante davantage d’arbres, les autres populations végétales et animales combleront le vide. D’après les recherches récentes, tel n’est pas le cas. » 

De nouveaux travaux de recherche publiés aujourd’hui prouvent que les coupes à blanc infligées depuis des décennies aux forêts naturelles pour les remplacer par des plantations serrées de résineux entraînent un déclin considérable des populations aviaires de la province. 

Cette recherche, intitulée « Forest degradation drives widespread avian habitat and population declines », a été dirigée par un Néo-Brunswickois, M. Matt Betts (PhD), associé honoraire de recherche à l’UNB de Fredericton et professeur de foresterie à l’Université d’État de l’Orégon. 

« Il est évident que les recherches de M. Betts et de ses collaborateurs mettent le doigt sur l’une des preuves irréfutables et déterminantes des déclins des populations aviaires » disait M. Peter Marra, directeur de l’institut pour l’environnement et la durabilité de l’Université Georgetown, dans un communiqué publié à propos des constatations. 

« Nous sommes partis de l’hypothèse que lorsqu’une forêt naturelle est rasée, tant que l’on plante davantage d’arbres, les autres populations végétales et animales combleront le vide. D’après les recherches récentes, tel n’est pas le cas. »

M. Betts et son équipe internationale de chercheurs ont réétudié les répercussions des opérations forestières sur les populations aviaires dans la forêt acadienne du Nouveau-Brunswick entre 1985 et 2020. 

Voici la constatation principale : les coupes à blanc de forêts mixtes naturelles et leur remplacement par des plantations de résineux en monoculture a considérablement dégradé l’habitat de 66 % des oiseaux qui vivent dans les zones boisées du Nouveau-Brunswick. 

Certaines espèces ont connu un déclin supérieur à 30 % au cours de la dernière décennie, répondant donc au critère d’espèces en menacées en vertu des lois canadiennes sur les populations en voie de disparition. 

Parmi les oiseaux particulièrement affectés par les opérations forestières, il faut mentionner le Pioui de l’Est et la Moucherolle à côtés olive, deux espèces identifiées comme menacées d’extinction en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Nouveau-Brunswick. 

M. Betts estime que la disparition d’habitats forestiers a entraîné la perte d’environ 33 à 104 millions d’oiseaux au Nouveau-Brunswick au cours des 35 dernières années. Plus de 3 millions d’hectares de la forêt acadienne ont subi des coupes à blanc au cours de cette période et une bonne partie de cette superficie est maintenant dominée par une seule essence d’arbres.

Nos résultats indiquent un déclin à grande échelle des oiseaux forestiers de la forêt acadienne, et pour la plupart des espèces, l'abondance est fortement associée à la quantité d'habitat.

M. Betts a fait son exposé devant législateurs du Nouveau-Brunswick l’été dernier au cours des réunions du Comité permanent sur l’utilisation du glyphosate; il a soutenu que la sylviculture intelligente et l’aménagement forestier doivent remplacer les coupes à blanc à grande échelle et l’usage des herbicides dans les forêts du Nouveau-Brunswick. Pour en savoir davantage sur son exposé, cliquer ici.

Dans son rapport sur l’utilisation du glyphosate publié en novembre 2021, le comité permanent recommandait que la province mette en œuvre « une combinaison de zones de foresterie écologique et de nouvelles aires naturelles protégées pour garantir que le reste des boisés de feuillus et des forêts mixtes du Nouveau-Brunswick ne soit pas transformé en plantations de résineux ».

Lois Corbett, directrice exécutive du Conseil de conservation, précise que les conclusions de M. Betts réaffirment la nécessité, pour le Nouveau-Brunswick, de réformer sa gestion désuète au profit d’une foresterie plus écologique où l’industrie forestière est beaucoup moins présente. 

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