En 1995, l’État du Maine a pris la décision unilatérale de fermer la rivière Sainte-Croix – formant la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Maine – à une des plus importantes populations de gaspareau (pseudohareng) de la côte Est. Le Maine a pris cette décision suite aux plaintes non fondées et, depuis refutées, des guides de pêche sportive et commerciale prétendant que le gaspareau nuit à l’achigan à petite bouche. La population de gaspareaux a chuté de 2.5 millions en 1987 à 900 en 2002, ébranlant l’écosystème d’eau douce de Sainte-Croix et l’écosystème marin de la baie de Passamaquoddy.
Dans l’histoire récente, la rivière Sainte-Croix a porté de large populations de gaspareaux en bonne santé. En 1851, Moses Perley remarqua que, dans les années 1820, “la gaspareau est arrivé en si grandes quantités qu’il n’était jamais supposé disparaitre”. En réponse à ce qu’il a reconnu comme étant des menaces pour la santé du bassin versant de Sainte-Croix, Perley fit remarquer “qu’il serait hautement discréditant de permettre la fermeture des pêcheries de cette rivière, à présent menacées de disparition totale” (The Sea and River Fisheries of New Brunswick, Moses H. Perely, Queen’s Printer, Fredericton, présenté à la législature et imprimé en 1851).
Le gaspareau est une espèce importante dans la rivière Sainte-Croix et la baie de Passamaquoddy. Elle constitue une importante source de nourriture pour les poissons de fond, comme la morue, pour les oiseaux prédateurs, comme l’aigle et le balbuzard, ainsi que pour d’autres poissons et mammifères. Le gaspareau fournit aussi des nutriments au système fluvial via ses matières excrétées, ses oeufs et carcasses.
La Commission mixte internationale (CMI) a été établie en 1909 dans le cadre du Traité des eaux limitrophes afin de résoudre le conflit entre le Canada et les États-Unis concernant les eaux frontalières communes, et a été impliquée dans le conflit concernant le passage du gaspareau. Bien qu’elle ait encouragé l’État du Maine à ouvrir les passes à poissons au gaspareau, la commission n’a pas utilisé leinement ses pouvoirs pour ordonner l’ouverture des passes.