J.D. Irving a le dernier mot lors des audiences sur le glyphosate

« Vous savez, le pain grillé de votre petit-déjeuner? Il contient du glyphosate. » —Jim Irving

« Vous savez, le pain grillé de votre petit-déjeuner? Il contient du glyphosate. » —Jim Irving

J.D. Irving, la plus grande société forestière du Nouveau-Brunswick, a fait un exposé devant le Comité permanent chargé d’étudier l’utilisation du glyphosate dans nos forêts, lors de la dernière journée d’audiences publiques à la fin du mois dernier.

L’entreprise a fait son exposé le 21 septembre, jour où devaient initialement commencer les délibérations sur les données probantes présentées durant les audiences en août et au début de septembre – à la suite d’une lettre du co-PDG, M. Jim Irving, au président du Comité, se disant « très déçu » que l’entreprise n’ait pas été invitée aux réunions de juin.

Devant le comité, M. Irving a dit qu’une interdiction du glyphosate dans les forêts domaniales serait « désastreuse » pour son entreprise.

« Cela aurait des répercussions profondes sur notre entreprise, si nous ne pouvons pas utiliser d’herbicide. Très prudemment, mais nous devons l’utiliser pour le moment, quoi qu’il en soit », disait M. Irving.

Andrew Willet, directeur de la recherche-développement chez J.D. Irving, a comparé les 76 % de Néo-Brunswickois qui souhaitent une interdiction de la pulvérisation de glyphosate dans les bois au stéréotype péjoratif à la « Karen », précisant au comité : « Nous ne pouvons préparer de politique publique et nous ne pouvons effectuer des investissements publics sur quelque chose que Karen de Facebook a écrit ou que nous avons lu dans Google ».

Interrogé à propos des solutions de rechange au glyphosate dans les forêts, M. Irving a d’abord rappelé son utilisation en agriculture. 

« Vous savez, le morceau de pain grillé que vous avez pris au petit-déjeuner? Il contient du glyphosate. Ou les flocons d’avoine ou le sandwich que vous mangerez ce midi ou les pommes de terre qui seront au menu ce soir. Tout cela en contient (du glyphosate), » disait M. Irving. 

« Nous sommes un très modeste joueur de ce monde, dans l’industrie forestière. Cela ne signifie pas que nous ne voulons pas être responsables… Si nous pouvons trouver d’autres façons de le faire, il est évident que c’est ce que nous ferons – tout d’abord parce que cela coûte de l’argent, c’est coûteux… et cela porte à controverse et nous aimerions ne pas susciter de controverse. » 

Dans l’exposé au comité, J.D. Irving affirmait que les coupes à blanc intervenaient pour moins de 50 % de la récolte dans l’ensemble de ses exploitations. 

Selon le rapport du Vérificateur général sur la foresterie en 2015, au cours des 20 dernières années, 80 % de tout le bois récolté dans la province provenait des coupes à blanc, tandis que les coupes sélectives ou partielles avaient fléchi de 20 % pour s’établir à approximativement 10 %. 

La Vérificatrice générale recommandait à l’époque que la province tienne compte des constats de nombreuses études appelant à une réduction des coupes à blanc sur les terres domaniales, précisant que les méthodes de coupe sélective ou partielle sont reconnues comme étant les meilleures pratiques de gestion parce qu’elles servent également à protéger les voies navigables et les habitats fauniques et à préserver une saine diversité de plantes et d’animaux dans le couvert forestier. 

Dans son rapport de suivi publié en février 2021, Mme Kim Adair-MacPherson disait être déçue, car sa recommandation concernant la réduction des coupes à blanc continuait d’être ignorée.

Irving a dit aux membres du comité que son entreprise avait besoin d’utiliser des herbicides pour demeurer concurrentielle avec des pays comme le Brésil. Là-bas, on peut faire pousser un arbre à 60 pieds en six ans et ils y mettent tous les types de biocides imaginables, » disait-il. 

Au Brésil, sous le régime du président Jair Bolsonaro, les exploitations forestières et autres activités industrielles dans la forêt pluviale de l’Amazone ont connu une vaste expansion, attirant une critique généralisée des observateurs locaux et étrangers concernant la déforestation rapide qui se produit dans ce pays. 

Irving a rappelé à diverses reprises que le Nouveau-Brunswick est le siège de son entreprise, mais que, lorsqu’il s’agit de ses activités, ni la province ni ses citoyens ne constituent sa préoccupation principale. 

« Nos clients viennent de toutes les régions du monde. Nous fabriquerons assez de bois d’œuvre dans nos scieries du Nouveau-Brunswick pour construire toutes les maisons du Nouveau-Brunswick en sept jours environ, pour répondre à l’offre annuelle de logements. Notre entreprise de papier tissu produira suffisamment de papier tissu au Nouveau-Brunswick en 12 jours environ, ou 15 jours, pour approvisionner le Nouveau-Brunswick pendant un an.

« Ainsi, manifestement, nos marchés ne sont pas ici, ils sont ailleurs, » disait M. Irving. 

David Coon, député de Fredericton Sud, a demandé à connaître les recettes totales de l’entreprise pour les produits de bois fabriqués au Nouveau-Brunswick l’an dernier. 

« Je ne vous donne pas ces chiffres. Nous sommes une société privée, nous n’avons pas à vous divulguer toutes nos ventes, » disait M. Irving, ajoutant que d’après ses estimations, 30 % à 40 % des recettes de l’entreprise proviennent du bois récolté sur les terres domaniales. 

Invité par M. Coon à préciser quels sont les principaux actionnaires de l’entreprise, M. Irving a à nouveau refusé de répondre. 

« Je vous le dis, nous sommes une société du Nouveau-Brunswick… et ce serait excellent si nous pouvions obtenir, dans la province du Nouveau-Brunswick, des échos positifs concernant les investissements, les endroits où aller, afin d’avoir les emplois et les revenus nécessaires pour payer les factures et faire avancer les choses; » disait M. Irving.

Coon faisait remarquer que le magazine Forbes a récemment estimé que la valeur nette du père de Jim Irving, James, était de 4,1 milliards de dollars. 

« Compte tenu que l’entreprise a connu un bon rendement au cours des ans au Nouveau-Brunswick, lorsque vous dites qu’interrompre ou mettre fin à l’utilisation du glyphosate serait une catastrophe pour l’entreprise, cela ne me semble pas très logique, compte tenu du bon rendement de la société, » disait M. Coon.

La province de Québec a interdit la pulvérisation du glyphosate dans les forêts en 2001, surtout en raison des préoccupations en matière de santé publique. Le Québec utilise les contrôles manuels de la végétation au lieu de produits chimiques dans ses activités sylvicoles et jouit quand même d’un secteur forestier productif et profitable. 

Vous pouvez suivre la présentation complète de M. J.D. Irving au comité à cette adresse.

Auparavant, le Comité permanent des changements climatiques et de l’intendance de l’environnement a entendu les points de vue des scientifiques, de groupes de citoyens, des Premières Nations, des secteurs de l’agriculture et de la foresterie et des groupes environnementalistes. En majorité, les présentateurs ont recommandé de mettre fin à la pulvérisation d’herbicides sur les terres domaniales. 

Au cours de notre exposé en juin, la directrice exécutive du Conseil de conservation, Mme Lois Corbett, disait au comité que le glyphosate est le symptôme d’un problème plus vaste dans nos forêts : des pratiques de gestion désuètes, notamment les coupes à blanc à grande échelle. Elle a demandé aux députés de recommander une interdiction de l’utilisation du glyphosate dans les forêts domaniales et une mise à jour de la Loi sur les terres et forêts de la Couronne, pour veiller à ce que la gestion des forêts soit équitable pour les citoyens, les Premières Nations et les propriétaires de boisés privés. 

Si vous avez raté l’une ou l’autre des audiences précédentes, vous pouvez trouver notre récapitulatif de ce que le comité a entendu des experts à cette adresse.

Utiliser notre outil de rédaction de lettre pour exhorter les députés à mettre fin à cette pratique obsolète inutile financée par les contribuables.

Votre lettre sera envoyée à votre député, au premier ministre Higgs, au ministre Holland et aux membres du Comité permanent des changements climatiques et de l’intendance de l’environnement.

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    Pourquoi la pulvérisation d’herbicides à base de glyphosate pose-t-elle problème?

    Pourquoi la pulvérisation d’herbicides à base de glyphosate pose-t-elle problème?

    Des entreprises forestières pulvérisent des herbicides sur des zones de coupes à blanc pour éradiquer les feuillus et la végétation qui font concurrence aux épinettes, aux sapins et aux pins qu’elles cultivent dans les plantations.

    Le Conseil de conservation préconise depuis longtemps que la province cesse cette pratique de pulvérisation obsolète financée avec l’argent des contribuables. Le Québec a interdit la pulvérisation de ses forêts publiques il y a plus de 15 ans, et la Nouvelle-Écosse a cessé d’utiliser l’argent des contribuables pour pulvériser ses forêts. Le glyphosate, le principal ingrédient actif de la majorité des herbicides utilisés dans le cadre de l’exploitation des forêts de la Couronne du Nouveau-Brunswick, a été inclus en 2015 à la liste des cancérogènes probables par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui est l’agence de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

    Les agents de protection de la nature, les biologistes et les chasseurs craignent que la vaporisation de la végétation soit en voie d’éradiquer les moyens de subsistance ainsi que l’habitat de la faune de nos forêts. Ce problème préoccupe sérieusement la très vaste majorité des Néo-Brunswickois : plus de 35 000 personnes ont signé une pétition lancée par Stop Spraying New Brunswick avec l’appui du Conseil de conservation pour exiger la suppression de cette pratique obsolète. Depuis 2017, plus de 5 000 Néo-Brunswickois ont utilisé notre outil de rédaction de lettre pour demander à leur député et au gouvernement provincial de cesser de pulvériser des herbicides sur nos forêts.

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