Les leaders qui font preuve de sagesse suivent la tendance

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COMMENTAIRE DE LOUISE COMEAU ET DE MATTHEW ABBOTT
(Publié le 14 novembre 2016 dans le Telegraph Journal)
Au vu des craintes liées au changement climatique, Matthew Abbott et Louise Comeau du Conseil de conservation du Nouveau Brunswick ont envisagé le projet d’oléoduc Énergie Est sous l’angle d’une métaphore tirée du hockey.

Dans une petite partie du monde comme le Nouveau Brunswick, il est facile de croire que nous sommes à la merci d’acteurs nationaux et internationaux bien plus grands que nous, surtout dans le cas d’enjeux d’envergure mondiale, comme le changement climatique. Or, il faut savoir que les adaptations que nous apportons à notre propre maison revêtent une importance cruciale et, en faisant preuve d’intelligence, nous pouvons même nous positionner parmi les chefs de file du domaine au fur et à mesure que de nouvelles tendances se font jour à l’échelle planétaire.

Pour adopter une attitude favorable au Nouveau Brunswick face aux nouvelles tendances mondiales, nous avons besoin de leaders animés de sagesse et de souplesse. Ou, pour revêtir cette idée d’une couleur locale : que doit faire notre gouvernement pour s’assurer que ses stratégies de développement économique permettent à la province, à nos entreprises et à nos travailleurs de suivre la rondelle au lieu de rester sur place?

Commençons par cesser de nier l’ensemble des répercussions du changement climatique d’origine humaine sur la planète. En effet, tout le monde sait aujourd’hui que la pollution par le carbone déséquilibre le système climatique et agresse l’atmosphère, ce qui nous expose tous à des catastrophes telles que l’ouragan Arthur, une élévation du niveau de la mer, des inondations, l’érosion des côtes et des pluies diluviennes. Il est maintenant bien établi que l’augmentation de la pollution par le carbone accroît le risque de tels événements. Le seul moyen d’éviter ce type de catastrophes est d’éliminer complètement la pollution par le carbone, et rapidement, de façon à ce qu’au cours des 30 prochaines années, nous puissions alimenter nos entreprises et nos demeures à l’aide de sources d’énergies renouvelables.

Nous ne pouvons, par contre, pas nous permettre d’utiliser la majorité du charbon, du pétrole et du gaz disponible aujourd’hui, et certainement pas d’accroître l’exploitation de certaines ressources, comme celles des sables bitumineux, qui recèlent une quantité élevée de carbone aux retombées incroyablement destructrices. De toute évidence, la rondelle file en direction du filet des énergies renouvelables et de l’économie fondée sur l’efficacité énergétique, et non pas en direction du filet « creusons, transportons, brûlons » à l’autre extrémité de la patinoire. Sur le plan mondial, le domaine des énergies renouvelables enregistre actuellement plus d’investissements que celui du charbon, et cette tendance s’accélère, surtout que le coût des énergies solaire et éolienne fait maintenant concurrence à celui du charbon. Qui plus est, les véhicules électriques intensifient également ce mouvement. Au cours de son cycle de vie, le gaz naturel n’est pas plus propre.

Le temps des prix élevés de l’énergie tirée des combustibles fossiles, nécessaires à la viabilité de l’exploitation des sables bitumineux, est révolu.

Dans les régions qui bénéficieront véritablement d’un développement durable, les gens courent des risques plus élevés en lien avec le changement climatique et se voient refuser une croissance de l’emploi. Par exemple, le projet d’oléoduc Énergie Est peut sembler être un créateur d’emplois à court terme, mais, en comparaison des emplois créés par une économie fondée sur les énergies renouvelables, et de ceux qui, jusqu’ici, ont permis à des générations de citoyens de survivre, tels que les emplois du secteur des pêches et de l’agriculture, il s’agit d’une goutte d’eau dans la mer.

Le débat ne se situe donc pas au niveau de l’écart de prix, du transport du pétrole vers les eaux sujettes aux marées, de la sécurité du transport par rail ou par oléoduc, ni de la question de savoir si la capacité d’un oléoduc est trop retreinte pour transporter la production étendue de sables bitumineux. Le débat se situe au niveau de la question de savoir si nous avons avantage à choisir l’équipe qui mise sur le rêve de gloires passées ou celle qui mise sur les victoires de l’avenir.

L’équipe de l’avenir file vers une économie fondée sur l’électricité propre et au sein de laquelle les industries modernisent leurs processus de production et de fabrication à l’aide d’un système électrique nouveau et agréable à vivre géré par un réseau énergétique interne qui favorisera la création de nouvelles sources d’énergies renouvelables capables de combler tous nos besoins en temps réel. L’équipe de l’avenir donnera lieu à des investissements qui se chiffreront par trillions de dollars. Le Nouveau-Brunswick peut faire partie de cette équipe. Ou, alors, il peut simplement demeurer en marge de la patinoire à espérer un repêchage, en regardant les créateurs d’emplois continuer à marquer des points.

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