La voie vers l’énergie propre produite localement

road to clean energy

Debout à côté du Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lors du Forum sur la coopération économique Asie-Pacifique, le Président américain, Barack Obama, a utilisé une merveilleuse métaphore pour décrire comment il voit la transition entre s’éloigner des sources d’énergie polluantes vers l’adoption d’une économie faible en carbone, afin que l’on puisse éviter des changements climatiques dévastateurs à l’échelle mondiale.

« Ceci va être un processus désordonné et cahoteux à l’échelle mondiale, mais je suis confiant qu’on puisse le faire, » déclarait Obama. « Et le fait que nous avons maintenant un très solide partenaire au Canada pour aider à établir des règlements à l’échelle mondiale sur comment on va aborder tout ça, je pense que cela sera d’une aide extraordinaire. »

Les mots « Canada, changements climatiques et soutien » apparaissant tous dans la même phrase, cela ce n’est pas vu depuis plus de 10 ans. Et la métaphore d’une voie cahoteuse pourrait servir de conseil à tous les premiers ministres, y compris notre propre Brian Gallant. Après tout, de bons plans nationaux pour réduire la pollution contiennent presque toujours, essentiellement, des actions clés entamées par le leadership provincial.

Personne ne devrait être leuré par l’assertion que parce que la pollution de notre pays est une petite partie de l’équation mondiale des émissions de carbone, il y a peu que l’on puisse y faire. Le fait demeure que le Canada est le neuvième plus grand contributeur de gaz à effets de serre qui causent les changements climatiques, pompés autour du monde quand nous brûlons du pétrole, de l’essence, du charbon et du gaz naturel. En plus de la statistique additionnelle qui met les Canadiens bien en avant quand l’on compare la pollution par le carbone sur une base personnelle avec les autres citoyens de ce monde, cela signifie que chaque démarche que nous entamons va aider. Les Néo-Brunswickois se classent en troisième place dans la pollution par le carbone par habitant au Canada, derrière les gens de l’Alberta et ceux de la Saskatchewan, surtout à cause de notre dépendance sur l’électricité alimentée au charbon et sur l’huile pour le chauffage.

Si je peux emprunter la métaphore de la voie cahoteuse du Président Obama, le gouvernement du Nouveau-Brunswick peut démontrer qu’il est sérieux vis à vis la pollution par le carbone en utilisant ces trois éléments suivants pour déterminer la voie vers un avenir énergétique sans carbone.

Il nous faut fixer la bonne destination

Nous devons limiter le ratio de dioxyde de carbone dans l’atmosphère de la Terre à 350 parties par million (comparé à toutes les autres molécules) afin de maintenir le réchauffement planétaire en-dessous de 2 degrés Celsius d’ici 2050 afin d’éviter les pires impacts des changements climatiques. Ce bilan de réduction serré — nous en sommes présentement à 400 ppm — signifie qu’il nous faut maintenant des plans pour décarboniser notre économie et passer rapidement et avec ambition au delà de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel en utilisant des sources d’énergie 100 % renouvelables d’ici 2050 au plus tard. C’est ça notre destination.

 Il nous faut construire une meilleure route

L’électricité propre va devenir la pierre angulaire de la nouvelle économie et, au Nouveau-Brunswick, la clé d’un avenir faible en carbone est d’éliminer le charbon et de s’engager à obtenir tout le nouvel approvisionnement en électricité de sources d’énergie renouvelables au cours des 10 prochaines années. Le rapport d’Environnement Canada sur l’inventaire des gaz à effets de serre pour 2013 indiquait que l’électricité alimentée au charbon, au Nouveau-Brunswick, représentait presque trois millions de tonnes, de loin la plus grosse source dans la province.

Pour rendre à César ce qui est à César, Énergie NB planifie de réduire la demande en électricité, d’augmenter les sources d’énergie renouvelable et d’investir, d’une manière hésitante, dans l’efficacité énergétique et un réseau intelligent ; ce sont toutes de bonnes idées. La question se pose à savoir combien de temps il faudra pour que leur plan nous amène à notre destination. L’échéancier d’Énergie NB pour éliminer le charbon est 2045, soit 30 ans derrière l’Ontario, 20 ans plus tard que toute la Grande-Bretagne et une décennie même de plus que l’Alberta.

Un système d’électricité propre qui obtient toute son énergie de sources renouvelables, comme l’énergie solaire, éolienne, marémotrice et hydroélectrique, peut répondre non seulement aux besoins des maisons et des commerces en matière de chauffage, mais il aiderait aussi à alimenter la transition dans le secteur des transports — où l’on pourrait se fier sur les batteries électriques du siècle présent au lieu des moteurs à combustion du siècle passé.

La nouvelle « route » ne comprend pas seulement de beaux gadgets et la technologie dernier cri, comme des panneaux solaires et des turbines marines. Il faut aussi inclure des choses ennuyantes comme de meilleures fenêtres et une meilleure isolation dans les caves et les greniers. La bonne nouvelle à propos de l’investissement du gouvernement dans l’efficacité énergétique pour l’industrie et les programmes de rénovation des bâtiments, ce sont les emplois immédiats que cela va créer — pour chaque dollar dépensé sur l’efficacité, quatre dollars sont retournés dans l’économie mondiale.

Il nous faut un agent de la circulation

Même si l’on aimerait bien cela, nos chemins ne sont gérés par des actions volontaires. Tout comme il nous faut des lois sur la vitesse et la sécurité des véhicules, il nous faut aussi de nouvelles lois et réglementations pour guider notre économie. Nous avons présentement des cibles volontaires — à titre d’exemple une réduction de 10 % d’ici 2020, et une réduction d’entre

35 et 45 % d’ici 2030. Le gouvernement provincial doit introduire une nouvelle législation qui met fermement en place des cibles et des échéanciers pour la réduction du carbone, qui inclut des dispositions pour des plafonds sur les gros pollueurs et qui guide le développement de nouveaux bâtiments vers l’utilisation de l’énergie zéro. Une législation progressive examinerait également comment charger pour la pollution — présentement elle se promène gratuitement — que ce soit par l’entremise d’une taxe sur le carbone, comme en Colombie-Britannique, ou par un système de plafond et d’échanges, comme au Québec et en Ontario.

loiscorbett

 

 

Par Lois Corbett, Directrice General du Conseil de Conservation du Nouveau-Brunswick

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