Changements climatiques, biodiversité et économie bleue

Par Peter Schmidmayer et Anne Fauré

L’économie bleue est fortement liée aux écosystèmes marins et est dépendante de leur bon état, cependant cette relation est mise à risque par les changements climatiques et les perturbations de la biodiversité. Nous aimerions vous faire part des éclairages et messages portés par la communauté scientifique internationale à ces sujets (GIEC, UICN) et attirer votre attention sur la prochaine COP26.

En effet, les environnements aquatiques et plus particulièrement les environnements marins subissent de plein fouet les effets des changements climatiques induits par les activités humaines. Ces pressions croissantes risquent de modifier grandement les mers et océans dans les prochaines années : élévation des niveaux marins, augmentation des températures, acidification ; ce qui influencera indéniablement les communautés côtières et l’économie bleue.

Récemment, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) s’est efforcé, lors de la première partie de son sixième et dernier rapport d’évaluation, d’illustrer les effets des changements climatiques et d’établir des scénarios à venir. Cependant, le sixième rapport n’est ni défaitiste ni moralisateur, il expose simplement des faits, et son message est clair, il va falloir s’adapter à ces changements. Cette adaptation passe par le changement drastique de nos modes de vie, de consommations et de production, qui se concrétise par une réduction majeure de nos émissions de carbone. Ainsi, le GIEC propose des solutions afin d’atteindre le plus rapidement une neutralité carbone permettant de freiner et réduire l’impact des variations futur.

La tenue des changements climatiques globaux est, aujourd’hui, considérée inévitable par le GIEC, les conséquences seront majeures, mais elles sont déjà concrètes et se font déjà ressentir dans de nombreux endroits du globe : fonte des glaciers et des banquises, sécheresses, vagues de chaleurs extrêmes et bien d’autres.

Tout prêt de nous, les baleines noires de l’Atlantique Nord, une espèce en péril, souffrent de ces changements comme le montre une nouvelle étude publiée dans la revue Oceanography. Le réchauffement de la température de l’eau pourrait définitivement contribuer à l’extinction de cette espèce alors qu’elle se déplace vers des aires d’alimentations où les activités de pêches et de transport maritime sont plus denses, ce qui augmente le risque de collision avec les navires et l’enchevêtrement avec des engins de pêche. Tous ces éléments influencent les sociétés humaines, mais aussi sur la biodiversité mondiale.

Dans un contexte de pandémie qui persiste à l’échelle mondiale, les urgences climatiques et de la biodiversité se font sans cesse plus pressantes, et elles viennent exacerber les inégalités entre les pays, et creusent des clivages à l’échelle mondiale. Les urgences liées aux dérèglements climatiques et à la très grande fragilisation de la biodiversité appellent à réflexion holistique sur les impacts des activités humaines sur le vivant. La croissance accélérée des activités industrielles à fortes émissions carbone et les externalités négatives mettent en périls le vivant, dont les êtres humains.

Nous faisons partie de la nature, il nous est impossible de nous en dissocier et nous dépendons d’elles sur de nombreux points. Cependant, il ne faut pas que les mesures pour lutter contre les changements climatiques aient des effets négatifs sur la biodiversité et inversement. C’est dans ce contexte qu’au début du mois de septembre 2021, avait pris place à Marseille (France) le Congrès mondial de la nature organisé par l’Union International pour la Conservation de la Nature (UICN).

L’UICN a pour mission d’influencer, d’encourager et d’assister les sociétés du monde entier, dans la conservation des écosystèmes et de la biodiversité de la nature, mais aussi de s’assurer que les ressources naturelles soient exploitées de manières équitables et durables. Tous les 4 ans, lors du congrès mondial de la nature se sont plusieurs centaines de scientifiques, experts, organisations non-gouvernementales et des hauts responsables des pays du monde qui se réunissent pour discuter de conservation et de biodiversité et des mesures à prendre pour les prochaines années compte tenu de la situation actuelle.

Cette année, avec plus de 9200 participants à Marseille et en ligne, et avec pour la première fois, une représentation directe des peuples autochtones, le congrès a mis un accent fort sur la reprise post-COVID, les crises de la biodiversité et du climat, et le rôle et les droits des peuples autochtones en matière de conservation. Ces éléments ont fait ressortir une série engagements forts pris pour la nature et des décisions démocratiques prises par les membres de l’UICN se traduisant par le Manifeste de Marseille.

Le congrès de l’UICN reconnaît que nous avons une nature, un futur et pour cela, s’engage à respecter et tirer partie des perspectives et des capacités d’agir de tous les citoyens, de poursuivre les collaborations et les partenariats, promouvoir l’action locale comme un outil puissant pour le changement et contrer les impacts de la pandémie de COVID-19. Il encourage aussi les gouvernements, la société civile et le secteur privé à renouer une relation positive entre la nature et les humains en assurant la promotion des investissements en faveur de la nature, en œuvrant pour une transition vers une économie respectueuse de la nature, en accordant la priorité aux investissements en faveur de la nature qui font progresser la justice et les inclusions sociales.

L’objectif final de ce manifeste est de mettre fin à la perte de la biodiversité en s’engageant en faveur d’un cadre mondial pour l’après 2020 qui est ambitieux, efficace et transformateur. Afin d’y arriver, il devient essentiel de mieux comprendre les écosystèmes transformés, de s’engager en faveur d’un réseau de conservation fondé sur des sites qui sont à la fois ambitieux, interconnectés et efficaces, de mobiliser les partenariats pour accélérer la restauration des habitats dégradés et de promouvoir une conservation efficace des espèces, des écosystèmes, et de la diversité génétique, des sols et de l’agroécologie.

Ces éléments doivent se faire tout en faisant face aux risques et aux impacts des changements climatiques et ne pas être contre indicatif, ainsi il est impératif de réduire d’urgence les émissions de gaz à effet de serre. Pour être en mesure d’atteindre ces objectifs afin d’obtenir un effet significatif, il faut une réponse mondiale et que tous les pays agissent de concert et que tous soient en mesure de le faire. Ce point va essayer d’être mis en place lors de la prochaine Conférence des parties (COP) sur les changements climatiques.

La Conférence des Parties est un sommet annuel qui réunit les états du monde entier pour discuter des changements climatiques, elle fait partie de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.

La COP26, se tiendra en novembre prochain à Glasgow (Royaume-Uni) aura pour principaux objectifs de mettre en place des éléments afin de réduire les gaz à effets de serre, et prendre des mesures en lien avec les changements climatiques et la biodiversité.

Avec de nombreuses questions non résolues lors du précédent sommet, la COP25 de Madrid, elle va devoir répondre à de nombreux points et va devoir analyser tous les éléments “post” COVID-19. Cette nouvelle conférence s’annonce comme l’une des plus importantes depuis la signature des accords de Paris en 2015 lors de la COP21, car elle devra examiner les progrès accomplis – ou non – depuis cette signature.

La priorité absolue lors de ce sommet sera d’obtenir des pays participants, qu’ils s’engagent, d’ici le milieu du siècle, à atteindre des émissions de carbones nettes nulles, avec des réductions de carbone plus agressives et plus rapides d’ici 2030. Quoi qu’il en ressorte, il y aura beaucoup à voir, et il sera primordial de rester à l’affût des mesures et décisions qui vont voir le jour à la suite de ce sommet qui aura sans nul doute une incidence sur l’économie bleue.

Ainsi, vous êtes invité à vous joindre à nous pour la rencontre virtuelle, Pour l’amour de la baie, le 14 octobre prochain, qui permettra aux francophones de la région d’entendre des experts sur l’importance de l’économie bleue durable et de partager des idées pour assurer la viabilité de cet écosystème dans le futur.

Joignez-vous à nous a en vous inscrivant ici. La clôture des inscriptions a lieu le mercredi 13 octobre à 12h00. Pour consulter l’ordre du jour (ci-joint) et pour en savoir plus sur nos distingué.e.s orateurs, consultez le site web:

www.pourlamourdelabaie.ca

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