Dans le Canada Atlantique, pour faire avancer les grands projets énergétiques et miniers, on use de discrimination contre les grand-mères autochtones, confirme-t-on dans un rapport.

Le rapport des grands-mères fait ressortir une mentalité de préjudices et de discrimination normalisés contre les Autochtones pour pousser l’approbation environnementale des grands projets d’aménagement, lit-on dans un nouveau rapport publié le 28 septembre.

Des recherches toute récentes sur la façon dont le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse gèrent les consultations avec les collectivités autochtones sur les projets d’aménagement font ressortir des manœuvres systématiques de discrimination et de préjudice contre les défenseurs des terres autochtones dans le Canada atlantique.

Publié deux jours à peine avant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation du Canada, le rapport, intitulé Wolastoqiyik and Mi’kmaq Grandmothers – Land/Water Defenders Sharing and Learning Circle: Generating Knowledge for Action Report (en anglais), dresse un tableau sombre de la façon dont le gouvernement et l’industrie, sont « accrochés aux grands projets énergétiques et miniers qu’ils considèrent comme des moteurs pratiques de croissance économique et usent systématiquement de tactiques préjudiciables et discriminatoires contre nos personnes les plus vulnérables (défenseurs locaux des terres) qui n’ont pas de pouvoir politique ou économique pour lutter contre les intérêts des entreprises et du gouvernement.

Le « Grandmothers’ Report » (le Rapport des grands-mères) qui nous a été remis en compte rendus à la première personne par les grands-mères/défenseures Wolastoqiyik contre la mine Sisson au Nouveau-Brunswick et les grands-mères Mi’kmaq contre le projet d’Alton Gas en Nouvelle-Écosse, offre un éclairage privilégié sur la façon dont les gouvernements et les entreprises ont recours à des ententes officielles limitées uniquement aux chefs et aux conseils (tel que prescrit par la Loi sur les Indiens) pour ignorer les préoccupations des intervenants locaux et des organismes de la base.

Il en ressort une illusion bureaucratique de consentement des Autochtones à l’égard des grands projets industriels, soutient-on dans le rapport des grands-mères.

« Ils (les politiciens) prennent notre parole de titulaires de droits et les déforment ou les réutilisent », dit l’une des grands-mères/défenseurs Wolastoqew qui ont fait enregistrer leur histoire.

Dans ce rapport, en outre, on soutient que les gouvernements et les sociétés s’associent pour favoriser les projets de mise en valeur à l’aide de diverses formes de coercition, par exemple faire en sorte que les policiers intimident ou agressent physiquement les défenseurs des terres autochtones.

Ces constatations font écho à celles formulées dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées publié en 2019 et ouvrent grand la fenêtre sur l’approche discriminatoire du gouvernement en matière de prise de décisions sur les questions autochtones.

« Aux efforts de défense des terres, ils répondent par des injonctions; les défenseurs des terres autochtones sont criminalisés et les forces de sécurité, tant publiques que privées, ont la tâche de protéger les intérêts des entreprises, en violation des droits des Autochtones », de dire Gabriela Jiménez, coordonnatrice des partenariats d’Amérique latine chez KAIROS Canada.

« Comme l’affirment les femmes et les défenseurs des terres autochtones, les mécanismes et pratiques de mise en valeur des ressources des gouvernements fédéral et provinciaux sont non pas simplement déficientes, mais nuisibles aux gens et à la planète. »

Abondant dans le sens du rapport des FFADA intitulé « Les appels visant les industries extractives et d’exploitation des ressources », les grands-mères demandent, dans ce rapport, de mener d’autres recherches sur le mécanisme d’octroi des approbations et permis environnementaux pour les projets de mise en valeur des ressources afin que les défenseurs sachent mieux comment les décisions sont prises.

Parmi les recommandations du rapport des grands-mères, mentionnons aussi : accorder le statut de personne juridique aux systèmes des rivières; rétablir les systèmes de gouvernance autochtone honorant le leadership des femmes et étendre les relations entre les collectivités autochtones et les alliés.

Voici ce que disait la Dre Sherry Pictou, co-auteure du rapport des grands-mères, rédigé en collaboration avec la Dre Janet Conway et la candidate au doctorat Angela Day, en partenariat avec KAIROS Canada : « Je suis vraiment honorée d’avoir joué un rôle pour faciliter le cercle de partage/apprentissage comme moyen de créer un espace pour les grands-mères/défenseursWolastoqiyik et Mi’kmaw qui, comme nombre d’Autochtones de la base, sont exclues des mécanismes officiels de consultation concernant l’extraction et la mise en valeur des ressources. »

« Ce rapport traite de leurs histoires communes et fait ressortir les conséquences de l’extraction des ressources sur les femmes autochtones et leurs collectivités, de même que leur vision de la manière de régler ces questions en contribuant au bien-être de toutes nos relations (humaines et autres) ‘toutes nos relations’— M’sit No’kmaq (Mi’kmaw) et Psi-te ntolonapemok (Wolastoqiyik). »

Vous pouvez lire le rapport intégral (en anglais) à cette adresse : Wolastoqiyik and Mi’kmaq Grandmothers – Land/Water Defenders Sharing and Learning Circle: Generating Knowledge for Action Report.

Regardez les vidéos du cercle de partage et d’apprentissage des défenseurs : Du savoir à l’action :

Prenez connaissance de notre document de position sur les droits des Autochtones (le 30 septembre)

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